Laurent T. Lun 11 Aoû - 13:02
Annie Hall (1977 - Woody Allen)
On y retrouve tous les thèmes traditionnels du cinéma d'Allen : son amour pour New York (une fois de plus filmée avec brio mais moins vise en valeur que dans le splendide Manhattan) et sa haine pour l'univers mondain de la Californie; ainsi que ses névroses obsessionnelles telles que les femmes, le sexe, la mort, l'antisémitisme ainsi que la prétention intellectuelle. Sa peinture féroce de ce monde bobo intello new-yorkais est agrémentée de répliques délicieuses dans des séquences qui le sont tout autant ( celle de la file d'attente au cinéma avec le gars qui tape sur Fellini est un modèle de drôlerie absolue); mais Allen nous parle surtout du bonheur de la vie, même si celui-ci peut entraîner une perte menant à la mort. Les moyens mis en oeuvre par le cinéaste sont pour le moins originaux : apartés avec le public (le film débute comme cela), voyages dans le passé, split-screen ou encore des sous-titres contredisant les dilaogues, comme lors de cette fabuleuse scène du balcon dans laquelle Alvy et Annie se jugent, sans oublier une séquence animée qui se révèle absolument géniale.
Woody Allen signe ici un film majeur sur l'amour et ses contrariétés, drôle et triste à la fois, mais terriblement intelligent.
A Fistfull of Dollars - Pour une Poignée de Dollars (1964 - Sergio Leone)
Pour sa première incursion dans le western, Sergio Leone réussit son défi haut la main. Bien qu'assez court sans être véritablement bâclé, Pour une Poignée de Dollars confirme néanmoins que Lone a déjà trouvé ses marques dans le genre en imposant petit à petit son style qui sera magnifié dans les opus suivants.
Des raccors abrupts, des plans d'ensemble ainsi que de très gros plans sur les bad guys lors des duels ou lors des moments de tension, ainsi qu'une violence nouvelle, sans concession, qui contraste avec la violence aseptisée du western américain donnant naissance à une mise en scène baroque qui mise à fond sur le grandiose. Le passage à tabac de l'Homme sans nom est à ce titre particulièrement éprouvant et chaque plan insiste sur les défigurations subies par la pauvre victime.
Très différent des gentils héros américains, le personnage de Clint Eastwood est l'incarnation parfaite de l'anti-héros que les réalisateurs utiliseront de plus en plus fréquemment dans le genre. Avec ses répliques concises, son poncho sale et in cigarillo coincé entre les dents, Leone a inventé un personnage qui sera désormais une figure de proue du western, parlant très peu et pratiquant un humour assez froid. Le jeu d'Eastwood n'est pas du tout minimaliste, mais très sobre; tout le contraire de Ramon (excellent Gian Maria Volonte) qui s'amuse en tuant ses victimes (le massacre du clan "ennemi" des Rojo en est un parfait exemple, montrant "el Americano" impuissant face à ce triste évènement), aidé par ses sbires tous aussi meurtriers que leur leader.
Ce premier opus de la trilogie des Dollars n'est qu'un délicieux amuse-bouche avant les deux plats de résistance que sont les épisodes suivants.