Laurent T. Mar 3 Juin - 0:38
The Killer (1989 - John Woo)
Après sa saga mafieuse, John Woo met en scène un tueur à gages romantique. Mélange du cinéma de Melleville (la solitude du héros) et de Peckinpah (son ultra-violence), deux cinéastes qui ont inspiré le style de Woo. Dans ses gunfights improbables, les ralentis sont légion et les armes semblent chargées à l'infini, le sans coule à flot. Cette brutalité est ici transformée en art lyrique, dans un long-métrage flamboyant où chaque plan stable est une leçon de technique, sans oublier un montage parfait ne laissant aucun temps mort à l'ensemble.
Mais réduire THE KILLER à un simple film d'action est une grave erreur tant il est accompagné d'une sublime histoire d'amour, bien qu'impossible; mais aussi une histoire d'amitié.
Sa scène finale fait partie d'une des plus belles fins de la filmographie de Woo, qui montre avec ce film qu'il est le Maître absolu du genre, en y insufflant suffisement de sensibilité et de tragédie pour le qualifier de chef-d'oeuvre.
Une Balle Dans la Tête (1990 - John Woo)
Après les tueurs, John Woo revient avec un sujet délicat qui lui tenait pourtant à coeur : la guerre du Viêt-Nam. Lorsque le film commence, le contraste avec ce qu'il se passe à l'écran et la musique est édifiant : bagarres entre gangs et manifestations violentes contre le pouvoir en place sur fond d'un vieux standard Américain sympathique, entraînant et drôle.
Lorsque les trois amis arrivent à Saïgon, tous les malheurs surviennent les uns après les autres : ils tuent un gros bonnet de Honk Kong, deviennent ami avec un agent de la CIA, volent une caisse de lingots d'or avant d'être prisonniers dans un camp Vietnamien.
A partir de ce moment-là, Woo transcende son cinéma : exécutions forcées de soldats US sont au programme dans cette scène insoutenable mais d'une puissance rare et remarquable. Loin du massacre de The Killer, c'est l'horreur de la guerre sous son aspect le plus terrifiant qui est montrée, mais il s'agit surtout d'une magnifique fable sur l'amitié, sur le fit qu'elle n'a pas de prix même si l'appât du gain et la trahison peuvent être plus forts.
Grande fresque, UNE BALLE DANS LA TETE est à ce jour le plus grand chef-d'oeuvre de Woo, tant pour sa terrible violence que pour son côté émotionnel chargé à bloc.
Plein d'espoir, mais aussi de tristesse et de mélancolie, ce film de guerre se révèle être le film le plus abouti de son auteur étant donné qu'il se démarque très fort de ses réalisations précédentes.
A Toute Epreuve (1992 - John Woo)
Pour son dernier film à Honk Kong, John Woo signe un polar. Et pas n'importe lequel ! En effet, ses adieux à sa terre natale sont un énorme hommage à tous les films qu'il affectionne mélangés à son style teinté de lyrisme et de romantisme. Le cinéaste ne lésine pas sur les moyens, ni sur l'hémoglobines en livrant des gunfights longues et homériques mais sans jamais copier ses oeuvres précédentes. Le siège final de l'hôpital, une grosse demi-heure de pur plaisir, est un moment au cours duquel Woo s'en donne à coeur joie, mulitpliant les fusillades, explosions et morts violentes acocmpagnés par un découpage ingénieux qui nous permet de ne pas perdre une miette de l'action.
Malgré son scénario basique, ce dernier film de John Woo made in HK reste quand même un chef-d'oeuvre du genre, un grand classique de plus dans une filmographie qui frôle le génie pur (si on excepte sa période Américaine).