Avis :
En 1970, la carrière de David Lean est à son apogée. Des films comme Le Pont de la Rivière Kwaï, Docteur Zhivago mais surtout Lawrence d'Arabie l'ont propulsé au sommet des plus grands réalisateurs de tous les temps, quels que soient les genres. LA FILLE DE RYAN est donc son avant-dernier film, et malheureusement un des moins connus car nous sommes en présence d'un véritable chef-d'oeuvre, expression qui sert de pléonasme lorsque l'on parle du cinéma de Lean. Le long-métrage se passe dans l'Irlande de 1916 occupée par l'Angleterre et elle-même engagée dans le premier conflit mondial. Rose Ryan se marie avec un institeur intègre mais tombe éperduement amoureuse d'un soldat Anglais, blessé sur le front et venu se reposer en Irlande suite à son traumatisme psychologique, remarquablement mis en scène par Maître Lean. Mais là où le style du cinéaste Britannique est le plus transcendant, c'est dans la manière de filmer les paysages et les protagonistes qui s'y balladent. Une fois de plus, toute la maestria du réalisateur est étalée grâce à une beauté des plans tout bonnement hallucinante, on se croirait dans une peinture de Van Gogh mais puissance dix mille. Quant à l'histoire d'amour, elle est filmée et racontée avec sensualité sublime (la scène d'amour dans la forest est d'une forte intensité, probablement une des pièces maîtresses de ce film), tout en étant en communion avec la nature, la rendant encore plus belle qu'à l'accoutumée. Mais la plus belle scène reste assurément celle de la tempête qui nous renvoie aux grands spectacles précédents de Lean, avec un réalisme frappant, des prises de son formidables, un cadrage exemplaire et une mise en scène magique. Avec toutes ces qualités, il est difficile de trouver le moindre défaut à ce film, car il n'en a pas. En bref, LA FILLE DE RYAN est en continuité des précédents films de Lean, même si il n'a pas eu le même succès. Il est donc temps de le réhabiliter et surtout, de l'admirer.