Voici mon avis argumenté sur le film...CONTIENT DES SPOILERS !!!
Cela faisait dix-neuf ans que nous attendions le retour du célèbre archéologue au chapeau et au fouet. Le peur d'une déception était au rendez-vous, car les catastrophes de The Lost World de Spielberg en 1997 et de Star Wars Episode I deux ans plus tard trottent encore dans nos têtes, et que ce retour d'Indiana Jones avait de quoi laisser sceptique, croyant que ce quatrième épisode soit justement atteint du même syndrôme des deux films évoqués ci-dessus.
En cette date du 21 mai 2008, le verdict tant espéré tombe enfin. Le Royaume du Crâne de Cristal s'apparente-t-il plutôt à une lourde déception ou bien à une bonne surprise doublée d'un plaisir immense ?
Dès les premières images, nous sommes vraiment transportés dans l'intrigue qui se passe désormais à la fin des années cinquante. Une bande d'adolescents roulent à grande vitesse sur une autoroute déserte en écoutant Elvis à plein tubes. Ils rejoignent des véhicules militaires dont les occupants n'ont pas l'air drôles mais qui décident néanmoins de faire la course pour épater les jolies jeunes filles.
Lorsqu'il rentrent dans la base militaire, les choses sérieuses commencent. Dans ces voitures, se trouvaient des agents Soviétiques travaillant pour le KGB qui ont enlevé Indy et son ami de guerre, Mac.
Menacés de mort par la diabolique Irina Spalko qui recherche un objet archéologique fort convoités, ils sont contraints de s'échapper en utilisant la manière forte.
On retrouve, dans ces vingt premières minutes, les ingrédients qui nous faisaient rêver lors des trois premiers films : ouverture sur une montagne de terre (détournement du logo Paramount), ciel bleu, suspense, humour et action. Lorsque Jones met son chapeau et regarde ses ennemis d'un air menaçant, le tout accompagné par une bribe du célèbre thème composé par John Williams, l'émotion nous submerge et la nostalgie bat son plein.
Pourtant, cette scène d'ouverture paraît plus longue qu'à l'accoutumée, on peut même dire qu'elle contient deux parties. Tout d'abord, celle de l'entrepôt dans laquelle un plan très court sur l'Arche d'Alliance nous rappelle de bons souvenirs; et puis, celle du village fictif qui sert de terrain pour essais nucléaires. Nous sommes en pleine guerre froide et le pessimisme fort présent dans les précédents films de Spielberg est une fois de plus présent, même si il est plus léger et ne choque pas tant que ça.
Une fois cette fabuleuse première demi-heure dépassée, notre première impression se révèle fort positive. Tout en baignant dans la nostalgie des opus précédents, Spielberg rend un magnifique hommage à l'environnement cinématographique des 50's grâce à sa photographie splendide, dans la parfaite continuité du travail de Douglas Slocombe et bien adaptée à l'époque dans laquelle se déroule l'histoire, s'intégrant sans problème à la saga.
La suite utilise plus ou moins le même schéma que celui des Aventuriers de l'Arche Perdue. Si l'on passe l'interrogatoire où Indy est soupçonné de sympathies communistes, le revoir en tant qu'enseignant est plaisir sincère. Marcus Brody n'étant plus (les références sont sympathiques, surtout celle lors de la poursuite sur le campus universitaire) là, c'est le doyen de l'établissement qui annonce une mauvaise nouvelle à notre héros.
Condamné à continuer sa vie d'aventurier, le voilà flanqué d'un jeune rebelle, campé par un Shia LaBoeuf juste et pas envahissant, dans une jolie parodie de Marlon Brando qui passe plus son temps à se coiffer qu'à réfléchir à l'aide qu'il pourrait apporter à Indy. Une fois de plus, l'ambiance des années 50 se fait grandement ressortir, surtout lorsque le jeune Mutt déclenche une gigantesque bagarre dans un bar, ce qui profite à Spielberg de faire un léger clin d'oeil à Retour Vers le Futur.
A ce moment-là, nous avons facilement atteint une heure de projection, et le plaisir de ses retrouvailles est toujours immense.
Hélas, dès l'arrivée de nos deux compères au Pérou, le film devient excessivement bavard et multiplie les incohérences scénaristiques.
Si il y a bien une chose négative à évoquer dans Le Royaume du Crâne de Cristal, c'est son scénario d'une bêtise consternante. Alors que des scripts intéressants avaient été écrits par Frank Darabont et d'autres scénaristes, ceux-ci se sont fait renvoyés par George Lucas, qui n'appréciait pas que la fin qu'il exigeait n'y figure pas.
Premièrement, les retournements de veste incessants de Mac ont de quoi être insupportables. Une fois ami, puis traître avant de chercher une rédemption (à plusieurs reprises dans le film), il est le personnage inutile par excellence, avide de gloire et de richesse et porteur d'un humour aux ras des paquerettes.
Ensuite, l'introduction du personnage de Marion ne tient pas la route tant il est expédié rapidement. Alors que les retrouvailles entre Indy et elle étaient amusantes il y a 27 ans, celles-ci n'ont aucune saveur et sentent le réchauffé, mais c'est surtout à l'interprétation d'une Karen Allen momifiée que nous croyons pas. Pire encore, la trouillarde amoureuse du premier film se révèle être une excellente conductrice dans la jungle, n'ayant aucune crainte de tomber dans le vide. Alors qu'Indy n'a pas changé mis à part quelques rides et des cheveux blancs, Marion est du coup transformée en une action-woman quasi invincible que rien n'arrête.
On continue avec Oxley, le vieil archéologue kidnappé par le KGB. Suite à sa découverte du fameux crâne, l'homme est devenu fou, à la limite de l'autisme pur, répétant toujours les mêmes phrases. Ce qui choque, c'est le retour soudain de sa lucidité dans la cité d'or, comment un vieil homme proche de la mort peut-il regagner la raison et reconnaître ses amis sans s'en méfier ? Le jeu de John Hurt est bon pendant dix minutes, mais commence à sérieusement lasser vers la fin.
Ce qu'a écrit David Koepp a bien évidemment été imposé par Lucas, c'est dont lui le responsable de ce fiasco scénaristique, histoire qui devient de plus en plus confuse vers la fin, n'apportant aucune fascination ou intérêt concernant les pouvoirs du crâne, donnant lieu à une confusion entre les Ughos et les Maya.
L'autre point négatif de ces nouvelles aventures d'Indiana Jones est clairement la fin. Spielberg a fait le tour des bonhommes venus d'une autre planète mais il a fallu que Lucas les insère dans l'histoire pour légèrement dénaturer le mythe du personnage. Malgré l'hommage volontaire aux films fantastiques des années 50, cette révélation finale a de quoi dégoûter les fans par son manque de dynamisme et d'originalité. Spalko se retrouve seule face aux squelettes qui se reforment de manière frontale pour donner naissance à un alien en images de synthèse, mal foutu et au design trop classique.
Pompé sur celui du premier épisode, ce final visuellement moche ne ressemble pas du tout à ce que Spielberg nous avait habitués, tant les couleurs ne sont pas du tout adéquates et fait sombrer ce dernier quart d'heure dans le ridicule le plus total, pouvant provoquer quelques éclats de rire. La soucoupe volante venue de nulle part enfonce le clou et ne respecte pas vraiment l'univers du personnage.
Mis à part ces deux points négatifs, ce quatrième Indiana Jones est un excellent divertissement brillament mise en scène, au découpage très lisible (Michael Kahn donne ici une véritable leçon de montage), au plaisir ultra communicatif.
Harrison Ford, du haut de ses 65 ans, s'en donne à coeur joie et se montre physiquement crédible dans son rôle qui a fait de lui une icône du cinéma Américain.
Retour gagnant !
8/10