Newland Archer, jeune avocat talentueux de la haute société new-yorkaise des années 1870, est fiancée à May, une jeune fille candide. Mais il est follement amoureux de la cousine de May, Ellen, mariée à un comte polonais tyrannique qu'elle souhaite quitter. La belle comtesse choque ses contemporains par son indépendance et son anti-conformisme. Newland est chargé par la famille d'Ellen de lui faire entendre raison et de la convaincre de retourner auprès de son mari. De plus en plus épris d'elle, il précipite son mariage avec May et l'emmène en voyage de noce à Paris et à Londres, pour oublier cette passion.
Deux ans après avoir sorti un excellent remake de Cape Fear (qui surpasse d'ailleurs l'original), Martin Scorsese signe son premier film sur l'aristocratie New Yorkaise du 19ème Siècle, ses coutumes, ses manières, sa façon de penser, de parler, sa conduite et surtout sur les relations amoureuses de cette grande époque.
Scorsese évoque un sujet fort tabou à cette époque : l'adultère. La relation entre Newland, marié à May, et Ellen, n'est pas des plus classiques, ni des plus simples que n'importe quel cinéaste ait pu mettre en scène. Ici, les protagonistes jouent avec les sentiments de leurs amours respectifs et interdits et vice-versa, donnant une dimmension pyschologique et parfois tragique admirable, donnant à l'oeuvre de Scorsese une classe et un raffinement sans précédent. Le papa de Taxi Driver sait filmer les scènes d'amour avec génie, audace et parvient à retranscrire toute cette passion et cette envie qui émanent des personnages principaux, livrés à un jeu parfois déroutant, qui ne mène à rien si ce n'est qu'à la destruction tant physique que psychique des différents protagonistes.
Scorsese a surtout un souci du détail exemplaire tant son film est plastiquement superbe. Ici, les décors et les costumes ne donnent pas l'impression d'être en carton pâte, les détails foisonnent et donnent aux personnages une élégance et une finesse tout simplement radieuses.
Les acteurs contribuent également à la grande qualité de ce long-métrage. Daniel Day-Lewis porte le film sur ses épaules et se montre épatant en époux torturé aux sentiments instables; Michelle Pfeiffer est radieuse et livre ici la plus belle prestation de sa carrière, Winona Ryder incarne l'innocence et la naïveté avec énormément de talent et confirme qu'elle est une des plus grandes jeunes actrices du moment.
Seul bémol, c'est une durée trop courte (2 H 12) malgré un rythme assez lent. On a parfois l'impression que Scorsese n'a pas livré sa grande fresque romanesque qui aurait pu être plus longue et qu'un sentiment d'inachevé accompagne le spectateur à la fin de la projection.
Malgré cela, THE AGE OF INNOCENCE reste un film méconnu de Scorsese, qui mérite d'être réhabilité et redécouvert tant son univers riche et splendide arrive à nous passionner.