Des ouvriers travaillent dans les souterrains d'une fabuleuse métropole de l'an 2026. Ils assurent le bonheur des nantis qui vivent dans les jardins suspendus de la ville. Un androïde mène les ouvriers vers la révolte.
Deux ans de travail furent nécessaires à Fritz Lang pour aboutir à l’un des plus grands films de science-fiction réalisés à ce jour, mais aussi l’une des plus belles œuvres muettes de l’Histoire du Cinéma (avec un grand C) : Metropolis.
Le film de Lang était un projet relativement casse-gueule dans la mesure ou, à l’époque, on ne parlait pas encore de ces grandes villes imaginaires, sorties tout droit de l’imagination du cinéaste Allemand. Cette mégalopole futuriste mélange des modèles réduits, des effets spéciaux encore étonnants à notre époque et beaucoup de décors, dont leur côté « carton pâte » ne se fait jamais ressentir durant la projection.
On peut y apercevoir, entre-autres, de gigantesques gratte-ciel ou des autoroutes de différentes formes, droites ou suspendues. La modernité de la ville est dûe au travail éprouvant des ouvriers de Metropolis, qui font fonctionner des machines qui, finalement, ne produisent rien et qui les mènent parfois à la mort.
Lorsque le fils du Maître de la ville découvre les horribles conditions de travail des ouvriers, il descend dans les souterrains et rencontre la belle Maria.
Maria est un compromis entre la rencontre du prolétariat et le capitalisme. Elle incarne une sorte d’ange qui réconforte les opprimés et une prêcheuse qui rassemble les travailleurs dans les catacombes de la ville. Elle est tout le contraire de Joh Fredersen, dirigeant sans scrupules, qui se sent contré par cette femme qui n’est ni plus ni moins que le grand espoir des ouvriers.
Malheureusement, quand Fredersen et l’inventeur Rotwang capturent Maria pour donner son visage à un androïde féminin, les choses se gâtent.
La poursuite dans les catacombes entre Rotwang et Maria est un des nombreux morceaux de bravoure de Metropolis, c’est là que la virtuosité de Fritz Lang explose au grand jour. Malgré ses nombreux plans fixes qui donnent la chair de poule notamment avec les nombreux jeux de regards des deux personnages, cette scène donne l’occasion à Lang d’aller plus loin et d’expérimenter des travellings.
Mais le réalisateur ira encore plus loin. Lorsque l’androïde qui a pris l’apparence de Maria divertit les riches spectateurs au Yoshiwara, Lang nous offre un montage rythmé, d’une modernité à toute épreuve et visuellement sublime.
La beauté de ses scènes ne font que préfigurer l’énorme catastrophe qui va survenir. En effet, la nouvelle Maria n’est qu’un ange de l’apocalypse qui appelle à la révolte et à la violence. Les ouvriers la suivent et détruisent les machines de la ville, provoquant une innondation à travers la ville, mais surtout le chaos total.
Après une bagarre impressionnante sur le toit d’une église entre Freder, le fils de Joh, et Rotwang, c’est l’amour et la prospérité qui reviennent à Metropolis. Maria convainc Fredersen que le cœur doit servir de médiateur entre la main (l’action, la construction) et la tête (l’ordre, les idées, la planification du projet).
Ouvriers et patrons se mettent sur pied d’égalité, prouvant que les sentiments sont plus forts que les différences sociales.
Ecrit par Thea Von Harbou, épouse de Fritz Lang et partisane des idées hitlériennes, Metropolis est encore aujourd’hui sujet à polémique. En effet, certains spectateurs bien-pensants que Lang y fait justement l’apologie du nazisme, alors que l’intéressé était clairement anti-nazi et l’ayant confirmé en fuyant l’Allemagne quelques années plus tard.
Au contraire, Metropolis est justement un film visionnaire dans lequel les différentes classes sociales peuvent s’entendre et vivre dans la meilleure des démocraties.
Aujourd’hui classé patrimoine mondial de l’UNESCO, Metropolis reste le plus populaire des films Allemands et une œuvre fondatrice d’une certaine forme d’expression cinématographiques. Il inspire encore certains cinéastes qui n’ont pas manqué de lui rendre hommage, comme Ridley Scott avec Blade Runner ou Besson avec Le Cinquième Elément.
Un chef-d’œuvre absolu et utile pour tout véritable cinéphile, qui nous touche encore beaucoup.