Un film de Dario Argento
Avec : Adrian Brody et Emmanuelle Seigner
Date de sortie : probablement jamais !
Il y a des jours où l’on se dit qu’il est vraiment très difficile d’accepter que certains grands Maîtres du Cinéma soient artistiquement morts, notamment dans le fantastique ; comme Tobe Hooper ou Wes Craven. Hélas, depuis une bonne dizaine d’années (1996 avec Le Syndrôme de Stendhal pour être précis ; ce que l’on pourrait qualifier de « dernier bon film »), Dario Argento a rejoint ce cercle très fermé. De fait, le Maître incontesté – et incontestable – du giallo a même raté le dernier volet de sa Trilogie des Mères, débuté pourtant avec le sublime Suspiria il y a trente-trois ans maintenant. Pire encore, il nous donne l’impression de s’être rangé aux côtés de petits réalisateurs de téléfilms puant le moisi, n’affichant aucune envie et ne décidant en aucun cas de s’investir avec passion. Pourtant, avec une nouvelle œuvre qui prend le nom du genre qui l’a révélé aux cinéphiles, nous aurions pu croire à la résurrection du père Dario alors, que vaut Giallo ?
Dès le début, ça fait peur mais pas au sens propre du terme car les premiers rires surviennent. Avec un générique expédié en quatrième vitesse accompagné d’une musique pseudo-angoissante, il n’y a plus de doute sur le contenu de Giallo, nous sommes bien face à un sous-Seven de pacotille, encore pire que le très mauvais Résurrection de Russell Mulcahy, c’est dire le niveau ! Autant être honnête, ce « machin » n’a rien d’un giallo proprement dit, mais a plutôt l’aspect d’un épisode de Derrick en mode accéléré. La faute à quoi ? A plusieurs facteurs. Tout d’abord, le fait que l’assassin soit un gros fainéant qui attire ses victimes dans un taxi Turinois pour ensuite leur faire passer un sale quart d’heure dans une pièce délabrée on ne peut plus classique ; la facilité est de mise chez Argento. Ensuite, le faux suspense ne dure que très peu de temps, car le cinéaste a décidé de nous dévoiler le visage du tueur après moins d’une demi-heure, chose à laquelle il nous avait jamais habitué auparavant, mais ce fut lors de sa grande époque, à propos de laquelle il faut malheureusement tourner la page. Pour aller plus loin dans le ridicule, Adrien Brody (sous valium) et Emmanuelle Seigner (ravagée) nous font rire avec leurs déductions foireuses et poussent le bouchon encore plus loin avec leur jeu de regards attendrissants, ce qui signifique qu’Argento a clairement décidé de laisser tomber les relations ambiguës de ses protagonistes, un point pourtant très fort du génialissime Profondo Rosso, à savoir la guerre des sexes. Le titre du film est également mensonger, car il s’agit plus d’une course contre la montre qu’un véritable polar sanguinolent (à cet effet, les scènes sont risibles) sans aucune folie visuelle, dépourvu de plans ingénieux qui ont pourtant fait la renommée de Dario. Après 1h28 d’ennui devant ce téléfilm amateur, il nous reste plus qu’à souhaiter que Dario Argento raccroche définitivement, et ce n’est certainement pas le plan final qui nous fera encore croire au retour en force de cet ancien Maître.
1/10 (parce que le nom d'Argento y est associé)
Critique à poster sur le site, c'est fait pour ça.