Nang Nak, réalisé par Nonze Nimibutr, interprété par Intira Jaroenpura et Winai Kraibutr, est le plus beau film thaï, c'est notoire en Thaïlande.
Nang Nak est l'un des plus beaux films du monde, çà l'est beaucoup moins.
Nang Nak est sans doute avec The Lovers de Tsui Hark l'un des plus beaux films sur l'amour fou, "plus fort que la mort".
L'action se déroule en 1868, dans le district de Prakanong.
Le film débute par le départ de Mak à la guerre, laissant seule et enceinte son épouse Nak.
Dès le pré-générique, alors que Mak doit quitter Nak, la musique, sublime, prend à la gorge, file des frissons, marque comme jamais, à jamais.
Dès le générique, l'histoire de Nak est contée, la caméra explorant une vieille bâtisse abandonnée dévoile des fresques relatant les événements tragiques.
Mak revient de la guerre, retrouvant sa femme et un fils.
Le départ de Mak, les retrouvailles de Nak et Mak, l'exorcisme durant lequel défilent des flash backs sur leur bonheur passé, l'adieu de Mak à Nak (Nak qui lui dit qu'elle a eu un petit destin) sont autant de moments inoubliables. Le plus bouleversant montre le bébé nu, pleurant, marchant à quatre pattes et tendant les bras vers sa mère tandis qu'autour de lui se déchainent les éléments.
La nature est omniprésente dans Nang Nak, elle est belle, venimeuse et inquiétante. Si le film est si beau, c'est aussi parce qu'il est en harmonie avec la terre et les éléments : une éclipse, une tempête, la faune (notamment une araignée qui cogne à une porte) sont ici autant de mauvais présages.
Les fantômes thaï n'ont pas la vocation vengeresse des fantômes japonais. Ils s'accrochent au monde des vivants parce qu'ils ne supportent pas la séparation d'avec l'être bien aimé, parce qu'ils veulent continuer à vivre auprès de lui, parce qu'ils n'acceptent pas leur condition.
Si, dans les premiers plans de son film, Nimibutr cite le Kwaidan de Masaki Kobayashi (le ciel revu et corrigé), Nang Nak n'en a pas la même couleur, le même tempo, le même esprit. Nang Nak ne se veut pas la version thaï d'un film japonais. Nang Nak est profondément ancré dans la culture thaï. S'il n'atteint pas la beauté formelle des plus beaux films de fantômes japonais (Kwaidan et Les contes de la lune vague après la pluie de Mizoguchi), Nang Nak raconte la plus belle histoire de fantômes et sans doute la plus belle des histoires.