Dune (1984 - David LYNCH)
Après les deux chefs-d'oeuvre que sont Eraserhead et Elephant Man, David Lynch s'est essayé à la science-fiction en adaptant un roman de Frank Herbert : Dune. A la base, le livre est riche, fascinant et tellement bien écrit que son adaptation cinématographique était un défi de taille et qu'avec Lynch derrière la caméra, il ne fallait pas s'inquiéter.
Pourtant, DUNE est une oeuvre maudite dans la filmographie du cinéaste. Au fil des années, il l'a complètement reniée, que ce soit la version salles, ou la version TV de plus de trois heures, présentant un montage en total désaccord avec celui voulu par le réalisateur.
A la vue du résultat final et avec les années, on ne peut pas donner tout à fait tort au Maître : DUNE n'a plus sa force d'antan et on se demande parfois si on est réellement devant un long-métrage lynchien.
Il est évident que tout est bourré de défauts : les costumes sont d'une ringardise extrême, certaines mises en images sont très peu inspirées, nous faisant croire que nous sommes face à un téléfilm de luxe à gros budget, les maquillages sont totalement dépassés et le jeu des acteurs est tellement drôle qu'on ne peut pas s'empêcher de se plier de rire tellement ça semble ridicule, désuet, dépassé.
Mais il faut avouer que malgré ces nombreux points noirs, DUNE contient certaines qualités, et pas des moindres ! On retiendra des acteurs ultra-charismatiques (Kyle MacLachlan et Patrick Stewart entre autres; on se demande par contre comment Sting a pu accepter un rôle aussi mauvais et qui ne le met pas du tout au rang de bon acteur) mais surtout une mise en scène classieuse, inspirée, livrant des plans splendides et des scènes d'action parfaitement lisibles ainsi que des décors d'une beauté stupéfiante, sans oublier le score de Toto qui est assez réussi.
Même si les scènes chamaniques avec la main et le principe du "dormeur qui doit se réveiller" sont typiquement lynchiennes, le style du cinéaste ne se ressent aucunement pendant plus de deux heures, on se dit même que le résultat aurait été le même avec le premier réalisateur venu.
Finalement, DUNE est un film de SF kitsch et ridicule, mais suffisemment rythmé et plastiquement superbe, ce qui lui évite d'être le navet considéré par son propre metteur en scène.
Psycho (1960 - Alfred HITCHCOCK)
Alfred Hitchcock était, à la fin des années cinquante et au début des années soixante, à l'apogée de sa carrière, livrant chefs-d'oeuvre sur chefs-d'oeuvre, à se demander parfois si il était encore capable de nous surprendree, de se surpasser; ou bien à nous faire croire qu'il était fini et qu'il a tout donné.
Pourtant, dès les premières secondes de PSYCHO, on ressent déjà un sentiment d'angoisse et de fascination face à ce thriller qui va complètement changer l'histoire du cinéma.
Grâce à son utilisation du noir et blanc, une technique de mise en scène épatante et d'une modernité sidérante et sa façon de jouer avec les nerfs du spectateur pendant plus de cent minutes, PSYCHO reste le chef-d'oeuvre absolu du Maître du suspense, mais aussi (et surtout) le plu grand thriller de tous les temps.
Hitchcock ne montre jamais de sang ou très peu, il joue à fond la carte de la suggestion. La brutalité des meurtres, ses plans rapprochés des visages des victimes ainsi que la musique - stressante - de Bernard Herrman renforce le stress du spectateur et le plonge dans un cauchemar quasi interminable, orchestré avec génie, culot et force.
Quarante-sept ans plus tard, personne n'a oublié la prestation glaçante et flippante d'Anthony Perkins. Son dernier plan, avec le regard qui glace le sang, nous fait comprendre que son personnage n'a pas fini son oeuvre et qu'il est prêt à recommencer (oublions les suites sans intérêt qui sont une gigantesque insulte à Hitchcock).
"Hitch" évoque aussi le thème de la double personnalité, de la schizophrénie dont son héros est atteint et se sert pour commetre ses crimes. Le twist final avec la découverte du cadavre de sa mère reste un modèle du genre et ne laisse personne indifférent.
PSYCHO étonne encore aujourd'hui pour sa modernité, sa force visuelle et psychologique, mais aussi grâce à un suspense qui monte en puissance à chaque instant, faisant de ce thriller un chef-d'oeuvre inoubliable et définitivement l'oeuvre majeure de son auteur.