Juin 1970. A l'occasion d'un séjour touristique en Turquie, Bill Hayes est arrêté par la police pour détention de hachisch. Il est condamné à quatre ans de prison. Avec d'autres Occidentaux, il établit un projet d'évasion qui échoue. Alors que sa libération approche, sa condamnation se trouve transformée en détention à perpétuité. Il trouvera finalement le moyen de s'enfuir.
Trois ans après l'évasion et après la parution du bouquin éponyme de William Hayes, Alan Parker décide de transposer cette histoire tragique au cinéma.
Il faut dire que dans les années 70, le cinéma hollywoodien parlait beaucoup de sujets tabous, mais celui du film de Parker est casse-gueule et risqué : les conditions de détention dans les prisons Turques. Le cinéaste ne fait pas dans la dentelle et dès les premières scènes qui se déroulent dans la prison, un sentiment de malaise s'installe chez le spectateur durant deux heures non-stop.
Parker filme la torture, le mépris de la dignité humaine, le racisme musulman pour mieux les dénoncer. Au biais de scènes fortes, choquantes mais ô combien poignantes, il a réussi à montrer une dure réalité aux spectateurs, mais également à mettre en scène un malaise permanent (celui du héros principal) que le public ressent autant que le héros.
Souvent accusé de film raciste en raison de ses dialogues d'une cruauté sans égal (Vous êtes une nation de porc !) souffrant de certains anachronismes (les Turques portent le Fez, alors qu'il n'est plus porté en Turquie depuis l'abolition des couvre-chefs symboliques), MIDNIGHT EXPRESS est pourtant un film nécessaire, dans la mesure où il est encore d'actualité (la Turquie veut adhérer à l'UE et les tortures dans les prisons existent encore maintenant), mais également pour sa force critique envers le non-respect des Droits de l'Homme tant que pour sa densité dramatique juste et sobre, jamais poussée dans une sensibilité de super-marché.
Une des plus belles adaptations de bouquins auto-biographiques, à ne pas mettre devant tous les yeux.