A Beyrouth, cinq femmes se croisent régulièrement dans un institut de beauté, microcosme coloré où plusieurs générations se rencontrent, se parlent et se confient.
Layale est la maîtresse d'un homme marié. Elle espère encore qu'il va quitter sa femme.
Nisrine est musulmane et va bientôt se marier. Mais elle n'est plus vierge et s'inquiète de la réaction de son fiancé.
Rima est tourmentée par son attirance pour les femmes, en particulier cette cliente qui revient souvent se faire coiffer.
Jamale est obsédée par son âge et son physique.
Rose a sacrifié sa vie pour s'occuper de sa soeur âgée.
Au salon, les hommes, le sexe et la maternité sont au coeur de leurs conversations intimes et libérées.
Nadine Labaki filme une sorte de Venus Beauté
version orientale dans laquelle la vie des deux communautés Libanaises
(chrétiennes et musulmanes) s'entrechoquent à travers un épisode de vie
d'un salon de coiffure.
Le but initial de Madame Labaki était plus
que louable : parler de la condition de la femme et de son émancipation
dans un pays moderne qui est trop étouffé par les problèmes religieux
(la scène de l'arrestation du mari de Nisrine en est un exemple). Avec
sa mise en scène sobre et des situations ne versant jamais dans la
vulgarité crasse, Caramel se révèle être une grosse déception !
En
effet, on peut reprocher à la réalisatrice de ne pas mettre tout son
cœur et de ne pas oser aller plus loin dans les sujets qui fâchent. Par
exemple, l'illustration de l'attirance de Rima envers les femmes est
beaucoup trop sage, on attend qu'elle échange un baiser passionné avec
sa cliente, mais ce dernier n'arrive jamais.
Le second reproche que
l'on peut faire à Nadine Labaki est celui de rentrer dans certains
clichés éculés : la jeune mariée qui n'est plus vierge ou le vieux
gentleman dragueur. Plutôt que de déchirer les tabous, Labaki les
renforce encore plus, créant ainsi une confusion dans le récit qui
déstructure complètement l'histoire.
Souvent mièvre (toutes les
employées du salon attendent le prince charmant) et réalisé avec des
pincettes pour éviter les problèmes avec la censure, le long-métrage de
Nadine Labaki est sauvé du naufrage grâce à ses vingt dernières minutes
d'un intérêt assez quelconque mais ponctué de jolies scènes, comme
celle de Rose de démaquillant en larmes, refusant d'aller au
rendez-vous donné par son nouvel amour. Ce superbe plan-séquence montre
que le grand amour n'est pas finalement celui que l'on croit et que
l'âge empêche les choses de fonctionner.
Malheureusement, c'est tout ce que l'on pourra retenir de cette grosse déception, portée aux nues lors de sortie en salles.
Comble de l'histoire, Nadine Labaki est bourrée de talent, mais son Caramel est trop mou, laissant un arrière-goût amer dans la bouche.