Laurent T. Dim 9 Sep - 15:47
Le polar HK a un peu perdu ses lettres de noblesses ces dernières années, il est difficile de trouver un seul film qui suscite de l'intérêt chez le spectateur (l'auteur de ces lignes a, par exemple, détesté "Infernal Affairs"). John Woo étant aux Etats-Unis, il ne reste plus de grand Maître en Asie mais Johnnie To a décidé de remettre les pendules à l'heure et de prouver que le polar Chinois n'est pas mort.
Dès le début du film, on sent que nous avons affaire face à un renouvellement total du genre, une résurrection à laquelle on ne croyait plus et qui est pourtant bien là.
EXILED, en dehors de son côté western comptemporain, possède un impact politique très fort puis qu'on peut y voir des mafieux Chinois voulant à tout prix posséder l'ancienne colonie portugaise de Macao. Un des protagonistes nous le fait d'ailleurs savoir via un avertissement : "Les temps changent, un nouveau régime arrive".
En dehors de ce contexte politique habilement développé, c'est surtout sur le côté "actionner" ou polar du film auquel nous nous appuierons pendant presque deux heures. Deux hommes bien habillés frappent à la porte d'une petite maison dans laquelle une femme et son bébé vivent tranquillement. Ces hommes sont à la recherche de Wo, un ancien collègue qui est maintenant recherché pour trahison. La femme leur répond qu'il n'habite pas ici. Deux minutes plus tard, deux autres hommes qui ont l'air d'être moins sympathiques dérangent aussi la femme.
Finalement, Wo arrive en sachant que sa fin est proche. Les quatres hommes le suivent dans sa maison, dans un silence absolu, faisant monter le suspense d'un cran avant d'arriver à la première fusillade du film, dans un coin très fermé de la maison, ne laissant à personne l'occasion de fuir.
L'influence wooienne se fait immédiatement ressentir : ralentis, musique peu présente et angoisse permanente se font sentir chez le spectateur, impressionné par la virtuosité de la mise en scène ainsi que de la beauté de la photographie.
L'atmosphère se calme enfin lorsque nos cinq compères mangent, boivent, échangent des souvenirs mais Wo est prévenu d'une chose capitale : il doit mourir.
Johnnie To exploite donc ce thème de la mort jusqu'à la fin tant ses héros sont vulnérables, conscients de leurs morts certaines et finalement, très humains. Lors de la seconde fusillade, on pense directement au cinéma de Sam Peckinpah : notre "horde sauvage" tue sans pitié ni remords même si leurs vies sont en jeu.
Après la projection, un constat est à dresser : Johnnie To a redonné au polar HK ses lettres de noblesse avec ce film d'action magnifique, mis en scène avec raffinement et classe; permettant à ses acteurs de signeur leurs plus jolies performances de leurs carrières respectives; mais c'est surtout sa manière de renouveler le genre qui est à retenir.
On tient donc ici un quasi chef-d'oeuvre qui fera date dans l'histoire du cinéma Asiatique.
9.5/10